Sidérant, absolument sidérant. PPDA, ex-roi du PAF, se serait fourvoyé dans un affaire lamentable de plagiat. Et depuis, les excuses invoquées sont de plus en plus foireuses, façon je prends les gens pour des cons.
Les faits : PPDA doit publier le 19 janvier une biographie d'Ernest Hemingway. Des journalistes reçouivent l'ouvrage et le lisent, pour en faire des recensions ou critiques éventuelels, comme il est d'usage. Or, à l'Express, les journalistes sont surpris "par la précision à l'"anglo-saxonne" du livre, en contradiction avec un certain flou sur les sources citées dans la bibliographie". Du coup, ils fouillent partout et exhument toutes les biographies d'Hemingway publiées en français, plus quelques biographies rédigées en anglais. Ils comparent. Et tombent sur des "parentés criantes avec l'ouvrage de Peter Griffin".
Lequel ouvrage, de 1985, aux éditions Oxford University Press, fut publié en France, chez Gallimard, en 1989, et est aujourd'hui très difficile à se procurer en librairie.
Le plagiat est clair, même s'il ne concerne pas tout le livre. En fait, certains passages ont été réécrits, mais sans grand effort d'imagination : le récit est le même, quoique les phrases soient coupées différemment, par exemple.
Bref, la parenté entre les textes est manifeste. Si manifeste que le fait, en lui même, n'est pas nié. Il est "expliqué".
Mais les explications sont sidérantes.
Dans un premier temps, contacté par le journaliste de l'Express, PPDA nie et s'estime offusqué : il a travaillé, certes, il a lu d'autres biographies, ce qui est normal, mais rien de plus.
Mais, plus tard, la maison d'édition s'explique à son tour : il y a eu, par erreur, impression d'une mauvaise version. C'était les vacances de Noël, il n'y avait personne. Ah oui ? Dans un autre article, l'Express s'étonne : début décembre, ils sont reçu les "épreuves reliées" début décembre ; puis, à la mi-décembre, le livre définitif, avec code-barres, donc des exemplaires publiés pour être venus, et dédicacés de la main de l'auteur. Or, les deux versions sont les mêmes ; l'erreur, alors, daterait de bien avant les vacances... Curieux, non, cette série de maladresse aboutissant à la publication de la mauvaise version ?
Et puis, sur Causeur, un journaliste reprend cette explication : il n'y a pas de mauvaise et de bonne version : en fait, PPDA a été victime d'un nègre indélicat, qui lui a écrit son livre en en pompant un autre. Ergo, c'est la faute du nègre, pas de PPDA. Du reste, il y a eu des précédents : Alain Minc et Thierry Ardisson se sont retrouvé aussi, victimes de nègres indélicats. Et puis, PPDA, avec tout ce qu'il fait, il n'a pas le temps de s'intéresser à tout. DOnc, il n'a pas bien managé son nègre, on ne va pas enf aire un fromage. Voilà, c'est tout.
On attend les autres explications, qui ne manqueront pas d'être aussi savoureuses.
La version de l'éditeur, totalement invraisemblable, ne mérite aucun commentaire, si ce n'est son côté cirage de pompe du grand homme, entendez du tiroir ciasse : PPDA fait vendre, il ne s'agirait pas de se fâcher avec lui ou de brouiller son image : c'est donc la maison d'éditions qui s'excuse de son erreur auprès de PPDA. Elle n'a peut-être pas tort, la maison d'éditions, car elle aurait pu faire soigneusement relire l'ouvrage, par des personnes compétentes...
Mais l'explication du journaliste de Causeur n'est pas inintéressante : il semble admis que des personnages publics signent des livres écrits par d'autres. C'est comme ça en France, il faut être une plume. Nombre de personnes, incapables d'écrire, veulent publier. Elles font donc écrire leur livre par d'autres, et voilà tout. Et quand il y a un couac, on bredouille des explications mais on continue.
Pour ce journaliste, il est normal que PPDA surbooké fasse écrire son livre par quelqu'un d'autre. Ce quelqu'un d'autre a fait une erreur, mais PPDA n'en est pas responsable. Si PPDA travaille trop et n'a pas le temps d'écrire des livres, ne ferait-il pas mieux de s'en abstenir, plutôt que de pomper les bouquins d'autres personnes ou de payer des nègres ?
mercredi 12 janvier 2011
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